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Roman feuilleton
Épisode 5

Je suis un paragraphe. Cliquez ici pour ajouter votre propre texte et me modifier. C'est facile.

Je descends en silence la rampe d’accès au garage en sous-sol, me gare et branche le roadster en vue de sa recharge, bien qu’il me reste encore 550 kilomètres d’autonomie sur les 1000 kilomètres théoriquement disponibles à pleine charge. Le SUV Tesla model X P 100 D de ma femme est déjà en charge. La model 3 qui sert de véhicule de fonction principalement pour le cuisinier est là aussi.

Ayant aperçu la vieille Cadillac Escalade de mes beaux-parents garée dans la cour, j’en déduis qu’ils sont déjà arrivés et je monte discrètement par les escaliers jusqu’à l’étage où se trouve la suite principale. J’ai envie de prendre une douche rapide et de changer de vêtements. Mais Linda m’intercepte dans l’entrée :

  • C’est maintenant que tu arrives !

  • Oui, comme tu le vois ! J’ai eu un petit problème sur la route. Je t’expliquerai ça plus tard…

  • Tony a essayé de te joindre vers 17 heures. Comme cela ne répondait pas, il m’a téléphoné et demandé que tu le rappelles dès que possible. Et puis-je savoir pourquoi tu ne m’as pas prévenue de ton retard ?

  • Je ne suis pas vraiment en retard et j’ai eu plusieurs coups de fil sur le trajet qui m’ont bien occupé…

  • Mouais. Tony m’a dit qu’il t’avait quitté vers 16 heures. Trois heures pour faire 150 kilomètres, c’est beaucoup !

Mais c’est qu’elle m’a l’air suspicieuse, ma petite femme ! Comme je suis d’humeur taquine, j’ai à nouveau envie de déconner :

  • Ah oui, j’oubliais de te dire, je suis passé vite fait chez ma maîtresse pour tirer un petit coup rapide, ce qui explique ce léger retard… Il faut vraiment que je me douche maintenant.

  • Aucun respect pour ta femme ! je suis désolé mais tu aurais pu m’appeler !

  • Chez ma maîtresse ? Pas eu le temps.

  • Bon arrête de dire des bêtises et vas te préparer !

Je termine la montée des escaliers et me précipite vers la salle de bains. Après une douche rapide, je m’hydrate la peau du visage et me parfume avec quelques gouttes d’eau de Cologne concentrée Acqua di Parma. C’est léger, subtile et raffiné. Je passe un slip bleu ciel et un pantalon en toile bleu marine ainsi qu’une chemisette Cardin unie presque blanche avec une nuance de beige légèrement rosé. C’est très confortable et élégant. Les chaussures italiennes, très légères, en cuir havane, fabriquées à la main en Italie, me semblent assorties à l’ensemble. Un coup de peigne et je peux enfin admirer le coucher de soleil par la fenêtre de la salle de bains puis par l’immense baie vitrée de la chambre. Je ne m’en lasse pas. Les falaises sur la gauche, la plage juste en dessous et surtout l’immensité de l’océan, le ciel d’un bleu clair très pur et le soleil éclatant au-dessus de l’horizon. Il est 19 heures douze. Décidément, je ne suis jamais à l’heure.

Comme je l’ai fait en arrivant, je néglige l’ascenseur et descend les escaliers rapidement. Il faut que je soigne mon entrée ! Mon beau-père John Dyer, un authentique américain à la mâchoire carrée et au regard bleu ciel, sirote déjà un whisky single malt probablement un Highland Harvest Organic qu’il affectionne particulièrement et ma belle-mère Fiorella Dyer, une italienne originaire de Florence, un peu excentrique mais tellement amusante n’a pas encore touché à sa coupe de Champagne Marguet Sapience 2008, bio évidemment, mais surtout élevé en biodynamie à Ambonnay entre Reims et Châlons en Champagne. J’ai repéré la bouteille qui dépasse du seau. J’espère qu’elle appréciera !

Ma femme est en beauté. Superbement habillée d’une robe en mousseline de soie bleue royale avec des jeux de transparence subtiles qui mettent en valeur sa silhouette irréprochable. On se croirait à Hollywood !

Je reconnais mon dernier disque qui passe en sourdine. Cela fait plaisir mais c’est un peu gâché de l’écouter de cette façon. Anyway, je ferai beaucoup mieux dans les semaines à venir avec le feu d’artifices que j’ai dans la tête depuis cet après-midi. Je bouillonne.

D’ailleurs, j’ai peur d’oublier ce que j’ai entendu, ressenti et même un peu composé de l’autre côté. Il faut que je me mette au piano !

Après avoir salué Fiorella et John, j’arrête mon disque et entame une véritable symphonie sur le piano de concert qui trône au milieu du salon. J’essaye de reproduire les arabesques fantastiques que j’ai déroulées sans effort il y quelques heures. Je me déchaîne pendant une dizaine de minutes. Je ne pensais pas être capable d’enchaîner de tels accords. Et je chante en hurlant. Ravel, Rachmaninov et Berlioz assortis d’un zest de McCartney avec quelques vibrations des vieux Genesis, de Yes, Pink Floyd et Van der Graaf, il manque encore quelque chose, mais c’est un bon début. Un peu délirant quand même.

Je m’arrête un instant et constate que mes beaux-parents, ma femme, Jim Hunter et sa femme arrivés entre temps, me fixent avec un regard plus qu’étrange. Qu’est-ce que j’ai ? Ils ne me regarderaient pas autrement si j’étais tout nu au piano, encore que dans cette région, cela les choquerait probablement moins que ce que je viens de faire !

Je me lève brutalement et annonce un peu pompeusement à la cantonade :

  • J’ai l’honneur de vous présenter l’ébauche de ma dernière composition qui s’intitulera « Coming back home » une symphonie qui sera jouée par une centaine de musiciens.

  • Voilà voilà…

Et j’ajoute, pour me donner une contenance :

  • Bonjour Jim ; nous nous sommes déjà rencontrés, je crois ; bonjour Julia, je suis ravi de faire votre connaissance !

Grand silence. Je ressens beaucoup d’interrogations autour de moi. Aurais-je cassé l’ambiance ? Et puis Linda intervient pour réchauffer l’atmosphère :

  • Julia, permettez-moi de vous présenter mon mari Franck. Il fait de la musique à titre professionnel et il est d’origine française !

Instantanément, je constate que les regards changent, beaucoup plus chaleureux, les sourires reviennent. Je pense en moi-même : ils doivent se dire « Ah, je comprends, il est français, tout s’explique ! Il a l’air complètement allumé et franchement cinglé, mais non, il est simplement français » ; j’ai l’habitude. Cela me rappelle mon rendez-vous de demain. Entre cinglés, on devrait bien s’entendre. Je ris intérieurement mais cela se voit. Craignant un internement d’office avant la fin de la soirée, j’essaye de reprendre mon sérieux. C’est difficile. J’ai l’impression d’avoir l’air niais mais ce n’est probablement qu’une impression.

La suite de la soirée se déroule de façon beaucoup plus banale. Je suis assis entre ma belle-mère et Julia. Le repas exécuté par notre cuisinier mais sous les directives de Linda est comme d’habitude délicieux. L’entrée, au sens français du terme, est constituée d’un minestrone froid accompagné de quelques huîtres servies avec un filet de citron comme en France ; c’est tellement original ici ! Suit un bar de ligne accompagné de fenouil, de petits navets et de carottes. Quelques pâtes (maison) aux épinards pour ceux qui veulent, surtout pour Fiorella et Linda, ascendance italienne oblige ! Un énorme Brie de Meaux au lait cru impressionne les convives ! Mais où Linda l’a-t-elle trouvé ? Un fromage français au lait cru en Californie, c’est incroyable ! Le dessert est le traditionnel New Yorker cheesecake que Linda et moi adorons. Le repas est arrosé, au choix des convives, d’un Chardonnay de Coelo Benziger 2016 ou du champagne Marguet Sapience 2008 servi à l’apéritif. Linda n’a plus rien à apprendre dans ce domaine, notre cuisinier non plus. On touche à la perfection. Il me semble que j’ai bu un peu plus que de coutume, au moins 3 coupes de champagne, mais c’est tellement difficile de résister ! Je me déçois, aucune volonté !

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